La sécurité alimentaire passe par la protection des écosystèmes (La Presse)

La Presse
Dimanche 21 août 2011

Il faudra deux fois plus d’eau qu’actuellement pour assurer la sécurité alimentaire d’une
population mondiale qui devrait atteindre neuf milliards d’habitants d’ici à 2050 si on ne s’oriente
pas vers des écosystèmes sains et bien gérés, selon un rapport de l’ONU.
«Actuellement, 1,6 milliard de personnes vivent dans des zones déjà en proie à une pénurie
d’eau et on pourrait rapidement arriver à deux milliards si rien ne change», souligne ce rapport
rédigé par l’agence onusienne pour l’Environnement PNUE en collaboration avec l’Institut
international de gestion de l’Eau (IWMI) et publié lundi.
«Si l’on maintient les mêmes pratiques agricoles» et «les régimes alimentaires actuels», si
«l’urbanisation croissante» se poursuit, «la quantité d’eau nécessaire à l’agriculture (…) qui est de
7130 kilomètres cubes aujourd’hui augmentera de 70 à 90% pour nourrir neuf milliards de
personnes d’ici à 2050», avertit le document publié à l’ouverture de la Semaine mondiale de l’Eau
à Stockholm.
D’ores et déjà, de nombreuses régions à forte production agroalimentaire, comme les plaines du
nord de la Chine, le Pendjab en Inde ou le grand Ouest américain, sont arrivées à la limite de
leurs ressources en eau ou sont sur le point d’atteindre ce stade.
Sans oublier les effets du réchauffement climatique qui menace d’accentuer les problèmes de
sécheresse et d’inondations: ceux-ci, pour l’Afrique seule, risquent d’aboutir à une réduction de la
production agricole de 15 à 30% d’ici à la fin de ce siècle.
La solution proposée par le PNUE passe par un changement d’approche. «Il faut passer de
systèmes de production alimentaire à des agroécosystèmes qui offrent une plus grande variété
de services», selon le rapport.
La mise en place de politiques communes entre environnement et agriculture permettra
d’augmenter la productivité agricole tout en préservant les ressources naturelles comme l’eau et
de protéger les différents écosystèmes.
Sont ainsi énumérées une meilleure adaptation des cultures aux nouvelles conditions
climatiques, l’amélioration des techniques d’irrigation, la préservation des zones humides et la
création de petits bassins de rétention dans les pays chauds pour aider les petits producteurs
agricoles – qui sont majoritaires dans les pays en développement – à surmonter les périodes
d’absence de précipitations.
Planter des arbres permettra non seulement de lutter contre les gaz à effets de serre, mais aussi
de favoriser l’alimentation des nappes d’eau souterraines et de lutter contre l’assèchement des
sols.
Toujours parmi les recommandations avancées par le rapport, le développement de synergies
entre agriculture, élevage, pêche et horticulture devrait permettre de ne plus compromettre les
ressources en eau.
Enfin, une meilleure coordination entre gouvernements, agriculteurs, populations locales et
experts devrait permettre d’établir un équilibre entre les besoins de l’économie et ceux de
l’environnement sans oublier l’amélioration du sort des populations pauvres.