Au Québec

La portion Québécoise du bassin versant du fleuve Saint-Jean, qui couvre 7 218 km2 et représente 13% de l’ensemble du bassin versant global, est celle dont l’OBV du fleuve Saint-Jean a mandat de gestion prioritaire.  Il s’agit de sa zone de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) attribuée par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre des changements climatiques.

Affiche webBien qu’à  l’intérieur même des frontières du Québec, la gestion par bassin versant ne tienne pas compte des limites administratives tels celles des régions administratives, des MRC ou des municipalités, le bassin versant qui nous intéresse est découpé par 2 frontières importantes. Une de ces frontières est inter-provinciale (frontière Québec/Nouveau-Brunswick), et l’autre internationale (frontière Canada/États-Unis). Quelques OBV du Québec doivent composer avec une telle réalité comme l’Organisme de bassin versant Matapédia-Restigouche et l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi.

Par rapport au Québec, le bassin versant du fleuve Saint-Jean est localisé sur le versant Sud-Est de la chaîne des Appalaches et fait partie des rares bassins versants du Québec méridional qui ne s’écoulent pas dans le fleuve Saint-Laurent, son estuaire ou le Golfe du même nom.

limites_obvfsjLimites du bassin dans Google Earth

Vous aimeriez connaître les limites exactes du bassin versant du fleuve Saint-Jean? C’est maintenant possible grâce aux fichiers KML à votre disposition, et qui peuvent être utilisés dans plusieurs logiciels de géo-localisation comme Google Earth, par exemple.


  1. Ouvrir Google Earth
  2. Télécharger le ou les fichiers .kml qui vous intéressent
  3. Cliquer sur l’icone Projet dans Google Earth puis Nouveau projet
  4. Cliquer sur Importer un fichier KML à partir de l’ordinateur et sélectionner le fichier sur votre ordinateur

Les principales rivières du bassin versant

Découvrez-les à travers nos capsules vidéos. Elles vous dévoileront les incontournables de chacune de ces magnifiques rivières. 

Deux zones de gestion

Entièrement incluse dans la province naturelle des Appalaches septentrionales, la portion québécoise du bassin versant du fleuve St-Jean comprend 2 zones distinctes qui présentes des caractéristiques administrative et physiographiques différentes:

  • La portion du bassin versant située dans la région de Chaudière-Appalaches, se distingue par les montagnes du Massif du Sud, de grands plateaux ponctués de tourbières et de chaines de collines discontinues. On y trouve plusieurs petites rivières, caractéristiques de la région naturelle du plateau d’Estrie-Beauce, de petits lacs peu profonds et une importante concentration de milieux humides. On y trouve seulement 2 lacs de pus de 1km2. Elle compte 47% de terres publiques et 53% de terres privées.
  • La portion du bassin versant située dans la région du Bas-Saint-Laurent, se distingue par un relief dominé par les collines dont la majorité des sommets se trouvent entre 500 et 600m d’altitude. Un grand nombre de vallées d’origine glaciaire y traversent perpendiculairement la direction structurale des Appalaches. Elle se caractérise par d’importantes masses d’eau douce sous forme de lacs profonds et de longues rivières avec des débits importants. On y dénombre 16 lacs de plus de 1 km2 dont 6 de plus de 5 km2, incluant le lac Témiscouata, deuxième lac en importance au Québec. Elle est essentiellement composée de terres privées (80%).

 

Organisation territoriale

Au Québec, le bassin versant du fleuve St-Jean englobe, en tout ou en partie, le territoire de 53 municipalités réparties dans 9 MRC.  Il compte également 1 réserve autochtone, celle de Whitworth de la Première Nation Malécite de Viger dans la MRC de Rivière-du-Loup ainsi que 3 territoires non organisés (TNO).

 

Concernant le réseau de transport, l’autoroute transcanadienne (85) traverse la portion située au Bas-Saint-Laurent. Cette autoroute est le lien terrestre principal entre les provinces de l’Atlantique et le centre du Canada. Plusieurs routes numérotées, collectrices et rurales desservent le reste du territoire. Les chemins forestiers et les sentiers de VTT sont abondants dans l’ensemble du bassin versant, tant sur terres publiques que privées.

La ligne de chemin de fer du Canadien National (CN) est la seule qui soit encore utilisée sur le territoire. Cette voie ferrée assure le transport de marchandises entre les gares de Toronto ou de Montréal et de Moncton, de Saint John ou encore d’Halifax. Dans le bassin versant du fleuve St-Jean, elle traverse les municipalités de Pohénégamook, Rivière-Bleue, Saint-Marc-du-lac-Long et Saint-Jean-de-le-Lande.

Le bassin versant compte également une traverse fluviale, le Corégone, qui relie la municipalité de Témiscouata-sur-le-Lac à celle de Saint-Juste-du-Lac en été. En hiver, c’est un pont de glace qui permet de rejoindre les deux localités en voiture.

Barrage du lac Témiscouata

Le niveau du lac Témiscouata est contrôlé artificiellement par un barrage situé à Dégelis. Ce barrage, érigé en 1930 par la St. John River Storage Company, a été acquis par Hydro-Québec lors de la nationalisation de l’électricité en 1963. Il a été complètement reconstruit en 1993 et 1994.

La construction de ce barrage en 1930 a eu pour effet de hausser le niveau du lac d’une soixantaine de centimètres au-dessus du niveau habituel des hautes eaux, fixé à 148,13 m par rapport au niveau de la mer, pour atteindre le niveau de 148,74 m. Le barrage permet donc d’emmagasiner 125 millions de mètres cubes d’eau supplémentaires dans le lac Témiscouata, soit près de 6 % du volume d’eau naturellement contenu dans le lac. Une autre conséquence du rehaussement du lac Témiscouata est la jeunesse relative des rivages qui limite le nombre des plages naturelles et leur potentiel pour la récréation.
Source: Wikipédia

Consultez le document d’information sur le barrage Témiscouata

Sur quel type de sol et sous-sol sommes-nous?

L’assise rocheuse du basin versant du fleuve St-Jean est surtout constituée de roches sédimentaires (grès, calcaire, mudrock et schiste) fortement plissées et faillées, caractéristiques de la province géologique des Appalaches. L’origine sédimentaire de ces formations résulte principalement en des roches malléables et friables (grès, ardoises, schistes, shales) propices à l’occurrence de fracturations et d’aquifères de roches fracturées.

Des formations d’origine métamorphique (grès quartzitique, quartzite) et volcaniques sont également présentes sur le territoire. Ces formations peuvent aussi présenter des compétences à contenir de l’eau.

La majorité des sols du bassin versant versant sont des sols minéraux considérés inaptes à l’agriculture mécanisée à cause de limitations extrêmement sévères (IRDA 2007).


La majorité du territoire est caractérisée par des dépôts de surface glaciaires, c’est-à-dire du till associé à l’inlandsis laurentien. Les accumulations de till sont généralement minces (25cm à 1m d’épaisseur) sur les versants des collines et sur les sommets mais plus épaisses dans la portion inférieure des versants et au fond des vallées. On observe également de grands dépôts fluvioglaciaires sableux (MRNF 2010) et fluviatiles, constitués de sable et de gravier, des sédiments fins glaciolacustres (argile et limon) ainsi que quelques ilots de dépôts organiques.

Les reliefs

La province naturelle des Appalaches s’est formée sur une période d’environ 200 millions d’années lors d’un cycle majeur de formation des reliefs de l’écorce terrestre. Ce passé géologique agité est à l’origine des formations parallèles qui composent le territoire du bassin versant et qui sont orientées selon un axe général sud-ouest / nord-est, et parallèle au fleuve Saint-Laurent. (MRNF 2010).

L’une des caractéristiques principales de l’héritage quaternaire de la région est la présence de nombreuses vallées glaciaires qui occupent des zones de fracture géologique et qui ont été exploitées par une série d’épisodes d’écoulement glaciaire et fortement creusées perpendiculairement à l’orientation générale du relief. Les épisodes successifs de glaciation au quaternaire ont également érodés les montagnes appalachiennes pour les transformer en collines plus modestes et arrondies.

La topographie modérément accidentée du bassin versant est constituée de crêtes allongées, aux pentes plutôt abruptes et parallèles au fleuve Saint-Laurent.

  • La partie située au Bas-Saint-Laurent présente un paysage de vallons et collines, où les lacs y sont grands et profonds.
  • La partie située en Chaudière-Appalaches, quant à elle, comprend les secteurs de plaines mais également les plus hauts sommets, dont le point culminant du bassin versant, le mont Saint-Magloire avec 917 mètres d’altitude (CRÉ Chaudière-Appalaches 2010). Cette zone est ponctuée de petits plans d’eau épars peu profonds et de nombreux et grands milieux humides souvent associés à la tourbière.

Climat et changements climatiques

Le bassin versant est soumis à un climat continental humide, caractérisé par:

  • une amplitude des températures très forte
  • des précipitations abondantes autant solides que liquides.

Ce climat est favorable à une bonne croissance de la végétation. La distinction entre les saisons est également très marquée au sein du bassin versant et les fonds de vallées bénéficient généralement de microclimats influencés par l’orientation et la présence de masses d’eau importantes.

Les températures moyennes enregistrées à la station météorologique de Notre-Dame-du-Lac révèle que depuis 1963:

  • les hivers sont moins rigoureux (hausse de 1,02°C),
  • les printemps plus chauds (hausse de 4,51°C)
  • les étés et les automnes plus frais (baisse de 0,03°C et de 1,13°C, respectivement) (UQAR 2007).

Cette augmentation des températures printanières engendre davantage de précipitations sous forme de pluie et moins sous forme de neige (UQAR 2007). Le débit des rivières a donc augmenté à son tour. Par exemple, entre 1918 et 1997, le débit annuel maximum de la rivière Madawaska a augmenté de 38 m3s-1 et son débit annuel médian de 10 m3s-1, alors que son débit annuel minimum à diminué de 1 m3s-1 (UQAR 2007).

De plus, l’augmentation des températures printanières fait fondre la neige plus rapidement, entraînant une crue printanière plus hâtive. Enfin, le nombre de jours sans couvert de glace par année sur le lac Témiscouata a augmenté de 6 jours entre 1921 et 1997 (UQAR 2007).

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) précise qu’il est « quasiment certain que, dans la plupart des régions continentales, les extrêmes chauds seront plus nombreux et les extrêmes froids moins nombreux aux échelles quotidienne et saisonnière, à mesure que la température moyenne du globe augmentera. Il est très probable que les vagues de chaleur seront plus fréquentes et dureront plus longtemps. Toutefois, des extrêmes froids pourront continuer de se produire occasionnellement en hiver. Chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850. Les années 1983 à 2012 constituent probablement la période de 30 ans la plus chaude qu’ait connue l’hémisphère Nord depuis 1 400 ans » (GIEC 2013).

Toujours selon le même rapport, « il est probable que les influences anthropiques affectent le cycle mondial de l’eau depuis 1960. Les influences anthropiques ont contribué aux augmentations du contenu atmosphérique en vapeur d’eau, à des changements de la distribution spatiale des précipitations sur les continents à l’échelle du globe et à l’intensification des épisodes de fortes précipitations sur les régions continentales où les données sont suffisantes. Les changements concernant le cycle mondial de l’eau en réponse au réchauffement au cours du XXIe siècle ne seront pas uniformes. Le contraste des précipitations entre régions humides et régions sèches ainsi qu’entre saisons humides et saisons sèches augmentera, bien qu’il puisse exister des exceptions régionales ».

Les lacs et cours d’eau

Les rivières

Rivière Cabano

La rivière Cabano, est la plus longue du territoire (90 km de méandres) alors que la rivière Madawaska est celle qui présente le débit moyen le plus élevé, soit 48,6 m3/s. Une particularité au bassin à l’étude est la dynamique physique faisant en sorte que la rivière Madawaska ne gèle pas sur approximativement 14 kilomètres de longueur. L’origine même du nom de la principale municipalité riveraine de cette rivière, Dégelis, est tributaire de ce phénomène. La grande profondeur du lac Témiscouata, son volume, et la température de l’eau qui en provient, occasionnerait ce phénomène répandu mais rare de par l’ampleur qu’il prend sur la rivière Madawaska.

Les lacs

Lac d’origine glaciaire (ex: lac Pohénégamook)

Les lacs d’origine glaciaire sont caractérisés par une profondeur importante et un paysage de vallée allongée en forme d’auge. Les plages y sont souvent localisées aux extrémités. Ces lacs sont caractérisés par un étagement thermique saisonnier accompagné de brassages bi-annuels. Bien que peu sensibles à l’eutrophisation, des floraisons de cyanobactéries y ont occasionnellement lieux. Le lac Témiscouata, qui représente la plus grande masse d’eau du territoire, est un lac d’origine glaciaire. Malgré son important volume de 2 193,5.106 m3, le temps de renouvellement de ses eaux (1,46 années) est très court.

Lac de collines


Les lacs de collines occupent de petites dépressions ou cuvettes. Ils sont généralement peu à moyennement profonds, de formes diverses et moyennement sensibles à l’eutrophisation.

Lac de plateaux


Les lacs de plateaux sont des lacs très peu profonds où la végétation aquatique s’impose. En saison estivale, la température de l’eau de ces lacs peut se réchauffer considérablement. Parmi les 3 familles, sans pour autant être plus vulnérables à des changements de conditions, ce sont les plus avancés en termes d’eutrophisation.

Selon certains témoignages recueillis, il y aurait quelques « lacs à chaux » ou « lac à marne » au sein du bassin versant. Le lac Auclair sur la zec Owen en serait un exemple. Ces lacs se caractérisent par un pH très élevé, c’est-à-dire basique.

NomMRCSous-bassinSuperficie (km2)
TémiscouataTémiscouataMadawaska67
Grand SquatecTémiscouataMadawaska12.2
LongTémiscouataMadawaska9.9
de l’EstKamouraskaChimenticook7
PohénégamookTémiscouataSt-François5.8
JerryTémiscouataBaker5.8
TouladiTémiscouataMadawaska4.9
des AiglesTémiscouataMadawaska4.3
BeauTémiscouataSt-François4.2
St-FrançoisRivière-du-LoupSt-François2.6
du Pain de SucreTémiscouataMadawaska1.9
St-JeanLes BasquesMadawaska1.7
LeverrierL’IsletNoire Nord-Ouest1.43
Petit SquatecTémiscouataMadawaska1.4
RondTémiscouataMadawaska1.4
Petit TouladiTémiscouataMadawaska1.2
FrontièreMontmagnyNoire Nord-Ouest1.11
SloadTémiscouataMadawaska1.10
BiencourtTémiscouataMadawaska0.9
CrocheTémiscouataMadawaska0.84
Les 20 principaux lacs du bassin versant du fleuve St-Jean

Zones d’inondation ou d’érosion

Au sein du bassin versant du fleuve Saint-Jean, le secteur de Rivière-Bleue a bénéficié du Programme de cartographie des zones inondables, en vigueur entre 1976 et 2001. De même, cinq secteurs ont été cartographiés de façon précise dans le cadre du Programme de détermination des cotes de crues de récurrence 20 ans et 100 ans (PDCC) entre 1998 et 2004. Il s’agit de l’embouchure des rivières Cabano, Petite Savane, Caldwell, et des des municipalités de Squatec et de Dégelis. Les MRC du bassin versant utilisent une cartographie des zones inondables de leur territoire qui a été réalisée à différents degrés de couverture. Cependant, pour la plupart, elles sont souvent incomplètes et imprécises.


Les rivières Daaquam et Bleue ont été linéarisées dans les années 1960 pour des fins de drainage agricole. La rivière Daaquam présente aujourd’hui une problématique d’embâcles de glace et la section linéarisée correspond à la zone inondable identifiée dans la municipalité de Saint-Camille-de-Lellis. La rivière Bleue, quant à elle, semble vouloir reprendre sa forme d’origine, ce qui peut entrainer des problèmes d’érosion localisés. Quelques zones dites propices à l’érosion ont été identifiées jusqu’à présent dans les schémas d’aménagement des MRC. Par exemple la rive nord-ouest de la rivière Madawaska, entre le lac Témiscouata et l’embouchure de la rivière aux Perches, présente des signes évidents et documentés d’érosion (SAD, MRC Témiscouata 2010).

Linéarisation de la rivière Bleue