Le roseau commun (phragmite australis), originaire d’Asie et d’Europe, a été introduit au Québec vers 1916. Se propageant tout d’abord le long du fleuve Saint-Laurent, son expansion a ensuite suivi le développement du réseau routier au cours des années 1960 et 1970 pour s’installer à l’intérieur des terres. De nos jours, le roseau commun est présent sur tous les continents sauf l’Antarctique. Au Québec, les colonies de roseau commun s’étendent de l’Abitibi à la Gaspésie avec des colonies très denses le long du fleuve Saint Laurent et une omniprésence le long du réseau autoroutier.
C’est une plante agressive, difficile à contrôler. Adaptable et résistante, elle tolère les inondations et le sel de déglaçage. Elle a une rapidité de colonisation remarquable grâce à des rhizomes et stolons qui peuvent s’étendre sur plusieurs mètres en seulement quelques semaines. Du fait de ses grands peuplements monospécifiques, elle participe notamment à l’appauvrissement de la biodiversité, à la perte d’habitat de nombreuses espèces fauniques ou encore à la modification du cycle des éléments nutritifs.
Le roseau commun peut être confondu avec l’alpiste roseau qui lui est une plante indigène du Québec. Il peut être difficile de différencier le phragmite indigène du phragmite, souvent une analyse génétique peut être utile. Les caractéristiques ci-dessous peuvent aider à distinguer une espèce de l’autre.
Le roseau commun peut se reproduire par ses graines. Elles sont relâchées par millier chaque année. Cependant leur taux de viabilité est faible (seulement 11%). La dispersion peut se faire via l’eau, l’air ou les animaux qui se déplacent, ou résulter des activités humaines. En réalité ce sont surtout les stolons et les rhizomes qui permettent aux colonies de produire de nouvelles tiges par propagation végétative.
La vitesse de croissance des tiges est rapide, elle peut atteindre 4 cm par jour. Ainsi, le phragmite s’approprie l’eau et les éléments nutritifs dont ont besoin les espèces indigènes environnantes. Les racines du phragmite exotique secrètent des toxines dans le sol qui empêchent la croissance des plantes voisines et les tuent.
Le roseau commun aime les milieux ouverts alimentés en eau riche en éléments nutritifs. On le retrouve particulièrement dans les lieux suivants :
2. Protéger le cycle de l’eau
Le taux métabolique très élevé des phragmites peut provoquer des modifications dans les cycles d’eau d’un système telle qu’une diminution rapide du niveau d’eau, lié au taux de respiration plus rapide que celui de la végétation indigène.
3. Limiter les perturbations du cycle des éléments nutritifs
Les tiges du phragmite sont très rigides et se dégradent très lentement ce qui ralentit le dégagement d’éléments nutritifs.
4. Diminuer le risque d’incendie
Les colonies de phragmites sont composées d’un pourcentage élevé de tiges sèches et combustibles ayant alors pour effet d’augmenter le risque d’incendie ou de propagation des incendies.
L’élimination du roseau commun est un défi de taille faisant l’objet de nombreuses études. En effet, plusieurs méthodes ont été testées pour le contrôle du roseau, soit, l’inondation, le brûlage, le bâchage ou encore l’utilisation. Seul l’usage répété d’herbicides s’est avéré efficace pour une éradication complète.
Toutefois, aucun herbicide n’est spécifiquement homologué pour lutter contre le roseau commun au Québec et l’usage d’herbicide dans des milieux sensibles comme les milieux humides est interdit. Pour ce faire une combinaison de coupe et bâchage est préconisée et doit être utilisée dès l’apparition d’une nouvelle colonie afin de contrôler la propagation de cette espèce exotique envahissante. Il faut donc être très vigilent et surveiller de près l’apparition de nouvelles colonies.
Nous vous invitons à consulter le site web du Groupe de recherche Phragmites: http://phragmites.crad.ulaval.ca/