Photo aérienne lac Témiscouata

La contamination des eaux

Les eaux de surface et les nappes souterraines jouent un rôle fondamental dans le maintien de la vie, car elles nourrissent non seulement nos écosystèmes mais constituent également la principale source d’eau que nous utilisons quotidiennement pour boire, cuisiner et nous laver. Toutefois, ces ressources hydriques, aussi précieuses soient-elles, sont très sensibles aux pollutions, que ce soit par des contaminants chimiques, biologiques ou même physiques, et leur qualité peut se détériorer en un temps record si elles sont mal protégées.

Dans le bassin versant du Fleuve Saint-Jean, la situation est généralement favorable avec des cours d’eau qui présentent une bonne qualité, mais cette condition reste précaire. En effet, l’état de ces eaux dépend fortement des pratiques d’aménagement du territoire et des activités humaines locales, qui, si elles ne sont pas bien encadrées, pourraient rapidement compromettre cet équilibre naturel. C’est pourquoi il est essentiel que tous les acteurs impliqués, qu’ils soient du secteur municipal, économique ou communautaire, se mobilisent et adoptent des méthodes de gestion de l’eau plus durables et responsables, afin de garantir la préservation de cette ressource vitale pour le bien-être actuel et futur.

Des algues bleu-vert sur un plan d'eau

Le vieillissement accéléré des lacs (eutrophisation)

Un lac en santé (que l’on pourrait qualifier de « jeune » et qu’on appelle oligotrophe) est caractérisé par une eau claire, fraîche, bien oxygénée et généralement peu pourvu en végétation aquatique. L’apport et la consommation d’oxygène y sont équilibrés. Les sédiments, nutriments et matières organiques qui lui sont acheminés naturellement par ses tributaires au fil des siècles, stimulent la croissance des végétaux aquatiques et transforment alors progressivement et lentement ses zones peu profondes en marais.

C’est ce processus de vieillissement des lacs qu’on appelle eutrophisation, un phénomène naturel, qui se produit généralement sur plusieurs milliers d’années. Le problème se pose lorsque l’empreinte des activités humaines accélère de manière importante ce processus, pouvant le réduire à quelques dizaines d’années seulement, voir même moins. Les lacs peu profonds et les baies, sont plus vulnérables, puisque la croissance de la végétation aquatique est limitée par la pénétration de la lumière du soleil qui atteint rarement plus de 5 mètres dans le bassin versant. L’eutrophisation se traduit par une augmentation de la masse végétale aquatique et par une diminution des teneurs en oxygène dans l’eau. Elle engendre donc des changements au sein de la composition des communautés de poissons et de plantes. Les fleurs d’eau d’algues bleu-vert (cyanobactéries) font aussi partie des signes d’eutrophisation des plans d’eau.

Des algues bleu-vert sur un plan d'eau
Berce du Caucase

La prolifération des espèces exotiques envahissantes

Une espèce exotique est une plante ou un animal qui a été introduit accidentellement ou intentionnellement dans une région située en dehors de son aire de distribution naturelle connue. Elle est considérée comme envahissante lorsque sa propagation engendre des dommages écologiques, économiques ou sociaux. Plusieurs espèces, telles que le myriophylle à épi (Myriophyllum spicatum), la moule zébrée (Dreissena polymorpha), le roseau commun (Phragmites autralis), le maskinongé (Esox masquinongy), la salicaire pourpre (Lythrum salicaria), le butome à ombelle (Butomus umbellatus) et l’alpiste roseau (Phalaris arundinacea) furent introduites dans le bassin versant du fleuve Saint-Jean. Il existe également un risque potentiel d’introduction et d’envahissement par d’autres espèces.

La perte d’habitat pour la faune

La diversité faunique est l’une des plus grandes richesses de la planète mais aussi l’une des moins reconnues. Nous nous concentrerons ici sur la biodiversité faunique liée aux milieux aquatiques, c’est-à-dire l’ichtyofaune (l’ensemble des poissons) et l’herpétofaune (l’ensemble des reptiles et amphibiens dont le cycle de vie est directement relié aux milieux aquatiques ou humides). Étant donné l’importance de la faune dans la régulation des écosystèmes mais également dans notre économie régionale (pêche, récréotourisme), il est indispensable de maintenir des populations fauniques saines et équilibrées.

Or, certaines populations de salmonidés seraient fortement réduites dans plusieurs plans d’eau, si elles n’étaient pas régulièrement ensemencées. La qualité d’habitat notamment pour l’omble de fontaine semble avoir reculée dans plusieurs cours d’eau. L’herpétofaune, représentée dans le bassin versant par 15 espèces sur les 38 que compte le Québec, a également vu son potentiel d’habitat reculer. Qu’il s’agisse de la surpêche, du braconnage, ou encore de l’exploitation des milieux naturels, les activités humaines sont malheureusement l’une des causes principales de l’état précaire de certaines populations fauniques.

Lac Talon – Parc des Appalaches

La dégradation des milieux humides et hydriques

Les milieux humides sont des sites saturés d’eau ou inondés pendant une période suffisamment longue pour influencer le sol et la végétation présente. La majorité des milieux humides sont adjacents à un cours d’eau ou à un lac mais ce n’est pas le seul endroit où il est possible de les observer. Certains d’entre eux sont simplement alimentés par une source d’eau résurgente et d’autres uniquement par les précipitations. Les étangs, les marais, les marécages et les tourbières sont considérés comme des milieux humides au sens de la Loi sur la qualité de l’environnement.

Ces milieux jouent un rôle important au sein d’un bassin versant puisqu’ils permettent de réguler le régime hydrique, filtrent les matières polluantes de l’eau en plus d’abriter une flore et une faune très diversifiée composant une très importante biomasse. Cependant, l’importance des milieux humides est généralement méconnue et ils sont souvent sacrifiés, remblayés et drainés lors de l’aménagement du territoire pour fins agricoles et forestières, de développement urbain et résidentiel ou de construction de routes, par exemple.